Unité, autonomie, démocratie
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Unité, autonomie, démocratie

Une histoire de l'Union des municipalités du Québec

Harold Bérubé

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Unité, autonomie, démocratie

Une histoire de l'Union des municipalités du Québec

Harold Bérubé

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À propos de ce livre

Les municipalitĂ©s reprĂ©sentent la forme de gouvernement la plus proche des gens, et leur rĂŽle a Ă©normĂ©ment changĂ© en cent ans. Plus que de simples administrateurs de routes et d'aqueducs, les villes doivent aujourd'hui traiter de questions complexes comme le vieillissement de la population, la mobilitĂ© et le patrimoine culturel.DĂšs sa crĂ©ation, le 15 dĂ©cembre 1919, l'UMQ est une association laĂŻque et libĂ©rale dont la mission est de rĂ©unir l'ensemble des municipalitĂ©s de la province, d'y diffuser pratiques et savoirs liĂ©s Ă  la gouvernance locale et, surtout, d'obtenir un rapport de force avec le gouvernement quĂ©bĂ©cois. L'Union essaie de remplir sa mission malgrĂ© les soubresauts de l'histoire, les changements de gouvernement ou la construction puis le dĂ©clin de l'État-providence.Au fil des chapitres, on croise des acteurs clĂ©s de l'histoire politique du QuĂ©bec – Joseph Beaubien, TĂ©lesphore-Damien Bouchard, Louis-Alexandre Taschereau, Maurice Duplessis, Jean Drapeau, Jacques Parizeau – ainsi que des figures moins connues du monde municipal – Charles-NapolĂ©on Dorion et Jacques O'Bready – mais non moins dĂ©terminantes. De la fin de la PremiĂšre Guerre mondiale Ă  l'aube du XXIe siĂšcle, l'UMQ et ses membres doivent composer avec la rĂ©currence mais aussi l'Ă©mergence d'enjeux locaux qui acquiĂšrent une dimension globale. Plus que l'histoire d'une institution, c'est un siĂšcle d'histoire du monde municipal quĂ©bĂ©cois qui est mis en relief.

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Informations

Année
2019
ISBN
9782764645789
chapitre 1
La mutation du monde municipal
québécois (1855-1918)
En confirmant que la province de QuĂ©bec est dĂ©sormais majoritairement urbaine, le recensement canadien de 1921 marque la fin d’une mutation qui a de profondes racines historiques et qui Ă©claire les circonstances entourant la crĂ©ation de l’Union des municipalitĂ©s de la province de QuĂ©bec. C’est pourquoi ce premier chapitre est consacrĂ© Ă  une mise en contexte historique du monde municipal quĂ©bĂ©cois tel qu’il prend forme et Ă©volue au cours des dĂ©cennies qui prĂ©cĂšdent la fondation de l’UMQ, en 1919. Ce survol permet de mieux comprendre pourquoi, au sortir de la PremiĂšre Guerre mondiale, de nombreux acteurs jugent qu’il est temps pour eux de se doter d’une organisation qui sera en mesure de donner une voix aux municipalitĂ©s de la province.
L’urbanisation et l’industrialisation
de la province de Québec
La mĂ©moire collective demeure imprĂ©gnĂ©e de cette idĂ©e selon laquelle la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise aurait Ă©tĂ© en retard ou en dĂ©calage par rapport Ă  la modernitĂ© avant les grands bouillonnements associĂ©s Ă  la RĂ©volution tranquille et aux annĂ©es 19601. La persistance de cette notion est Ă©tonnante quand on pense au fait que, comme le souligne l’historiographie depuis les annĂ©es 1970, le QuĂ©bec s’urbanise et s’industrialise Ă  un rythme soutenu Ă  partir du milieu du xixe siĂšcle.
L’urbanisation, une petite rĂ©volution dĂ©mographique
Revenons d’abord au recensement canadien de 1921 : il signale l’aboutissement du processus d’urbanisation au QuĂ©bec2.
Cette transformation s’illustre par deux chiffres : en 1871, c’est 22,8 % de la population qui habite « en ville », c’est-Ă -dire dans une agglomĂ©ration de 1 000 habitants ou plus ; en 1921, ce pourcentage est passĂ© Ă  51,8 %. Cette transformation est rĂ©volutionnaire. Depuis l’époque de la colonisation de la vallĂ©e du Saint-Laurent par les Français au xviie siĂšcle, on a eu affaire, sur le territoire qui va devenir le QuĂ©bec, Ă  une sociĂ©tĂ© rurale. Des villes et des villages existent dans cet espace, mais ils remplissent un rĂŽle qui est d’abord commercial et abritent une petite proportion de la population qui, dans sa grande majoritĂ©, vit au rythme du travail de la terre. Ce mode de vie rural est reproduit d’une gĂ©nĂ©ration Ă  l’autre, au fil du partage de terres anciennes et du dĂ©frichage de nouveaux secteurs dans la vallĂ©e laurentienne et au-delĂ . Cette rĂ©alitĂ© se reflĂšte dans l’économie de la colonie, centrĂ©e sur le secteur primaire (fourrures, agriculture, foresterie), et dans son organisation sociale et territoriale, longtemps dominĂ©e par le rĂ©gime seigneurial3.
L’urbanisation est donc d’abord et avant tout un phĂ©nomĂšne dĂ©mographique, une redistribution de la population sur le territoire. La croissance et la multiplication des villes s’abreuvent Ă  deux sources : l’exode rural et l’immigration. Dans le premier cas, on parle de fils et de filles de ruraux qui, gĂ©nĂ©ralement pour des raisons Ă©conomiques, renoncent au mode de vie de leurs parents pour se diriger vers la ville. Dans le cas du QuĂ©bec, il faut souligner que ce phĂ©nomĂšne prend d’abord, entre la fin du xixe siĂšcle et la crise Ă©conomique des annĂ©es 1930, la forme d’une saignĂ©e dĂ©mographique de vaste ampleur vers les États-Unis. Durant cette pĂ©riode, le solde migratoire de la province est nĂ©gatif, en bonne partie Ă  cause du dĂ©part de centaines de milliers de Canadiens français vers les villes industrielles des États-Unis, surtout en Nouvelle-Angleterre4.
Cet exode des Canadiens français vers les États-Unis s’attĂ©nue Ă  mesure que l’industrialisation du QuĂ©bec s’accĂ©lĂšre, mais l’exode rural se poursuit au bĂ©nĂ©fice des villes de la province5.
L’autre source Ă  laquelle s’abreuve l’urbanisation du QuĂ©bec est l’immigration. Au cours des derniĂšres dĂ©cennies du xixe siĂšcle, les nouveaux arrivants au Canada sont surtout d’origine britannique et amĂ©ricaine. NĂ©anmoins, seule une petite partie de cette immigration s’enracine au QuĂ©bec, et elle n’est pas assez importante pour contrebalancer les nombreux dĂ©parts. En fait, durant cette pĂ©riode, c’est l’ouest du pays – et son Ă©norme potentiel agricole – qui attire la plupart des immigrants au Canada. La situation change Ă  partir du dĂ©but du xxe siĂšcle. MĂȘme si le solde migratoire quĂ©bĂ©cois demeure nĂ©gatif, la proportion d’immigrants qui choisissent de s’établir dans la province augmente, et cette immigration se concentre de plus en plus Ă  MontrĂ©al. D’ailleurs, le profil ethnolinguistique de ces nouveaux arrivants change. Si l’immigration britannique, incluant les Irlandais, demeure substantielle, les nouveaux arrivants d’origine juive et italienne dĂ©barquent en nombre croissant dans la mĂ©tropole du QuĂ©bec6. Entre cette diversification et l’exode des anglophones des rĂ©gions pĂ©riphĂ©riques de la province vers son principal centre urbain, MontrĂ©al devient plus cosmopolite que les autres villes du QuĂ©bec, qui demeurent assez homogĂšnes sur le plan ethnolinguistique7. Ce fossĂ© entre MontrĂ©al et le reste du rĂ©seau urbain quĂ©bĂ©cois s’accentue au cours du xxe siĂšcle.
L’urbanisation transforme en profondeur l’espace et la dĂ©mographie du QuĂ©bec et rĂ©sulte en grande partie de l’attrait de plus en plus fort qu’exercent les villes, grandes ou petites. Cet attrait est d’abord de nature Ă©conomique. En quittant sa ferme ou son pays d’origine pour la ville quĂ©bĂ©coise, le futur citadin espĂšre y trouver un emploi, un revenu et des conditions de vie meilleures que ce qu’il laisse derriĂšre.
L’industrialisation, moteur de dĂ©veloppement
L’attrait Ă©conomique croissant du milieu urbain au QuĂ©bec rĂ©sulte essentiellement de l’autre grand processus rĂ©volutionnaire dont il est question ici : l’industrialisation. En quelques mots, l’industrialisation est l’essor du machinisme et de la grande industrie en tant que secteur de l’économie. Cette transformation des moyens de production n’est pas simple ou linĂ©aire. Elle amĂšne les entrepreneurs Ă  passer de l’artisanat Ă  la manufacture, puis de la manufacture Ă  la production mĂ©canisĂ©e Ă  plus vaste Ă©chelle. Cette transition se fait plus rapidement dans certains secteurs, rĂ©gions et domaines de production que dans d’autres. En ce qui nous concerne, il faut surtout retenir avec les historiens Linteau, Durocher et Robert qu’en « provoquant le regroupement des travailleurs, l’industrialisation entraĂźne la croissance des villes et modifie les conditions de vie de la population urbaine8 ».
La premiĂšre phase de l’industrialisation du QuĂ©bec touche surtout MontrĂ©al (et, dans une moindre mesure, QuĂ©bec et Sherbro...

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