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L' influence qui guérit
Tobie Nathan
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L' influence qui guérit
Tobie Nathan
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Ă propos de ce livre
Lorsqu'il s'agit de soigner des malades venus d'Afrique, du Maghreb, des Antilles, les «guérisseurs», malgré l'irrationalité de leurs pratiques, sont bien plus efficaces que les médecins armés de leurs médicaments et de leur «science».Ce livre nous propose de comprendre les méthodes de ces guérisseurs. Il montre aussi comment la psychiatrie occidentale peut s'inspirer de démarches traditionnelles pour aider des patients venus d'une autre culture. Tobie Nathan est professeur de psychologie clinique et pathologique à l'université de Paris-VIII et directeur du centre Devereux d'ethnopsychiatrie.
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Sujet
PsychologySous-sujet
EthnopsychologyPREMIĂRE PARTIE
EnquĂȘte sur la technique thĂ©rapeutique
CHAPITRE 1
Visite Ă une lointaine cousine
Pour dĂ©monter, puis dĂ©crire les procĂ©dures Ă lâĆuvre dans les thĂ©rapies traditionnelles, il faut avant toute chose accepter une prĂ©misse quâimpose une multitude de travaux de terrain. Ce prĂ©alable mĂ©thodologique mâest devenu, au fur et Ă mesure, un principe intangible : je considĂšre que les thĂ©rapies traditionnelles (par exemple, les rituels de possession, la lutte contre la sorcellerie, la restitution de lâordre du monde aprĂšs une transgression de tabou, la fabrication dâobjets thĂ©rapeutiques, etc.) ne sont ni des leurres, ni de la suggestion, ni des placebos. Pour moi, ces pratiques sont rĂ©ellement ce que leurs utilisateurs pensent quâelles sont, des techniques dâinfluence, la plupart du temps efficaces, et par consĂ©quent dignes dâinvestigations sĂ©rieuses.
Ătang-salĂ©
« Cette enfant est obsédée par le passé⊠»
M.-H. MAHĂ, SortilĂšges crĂ©oles
Ăle de la RĂ©union. Visite Ă Madame Visnelda. Je mâasseyais Ă ses cĂŽtĂ©s pour apprendre. Certes je la considĂ©rais comme une sorte de consĆur, je la pensais nĂ©anmoins seule experte de sa technique. Quelquefois, interrompant son travail â ou peut-ĂȘtre dĂ©sirant forcer un effet dans sa mise en scĂšne â, elle se retournait vers moi, me demandant mon opinion sur tel de ses patients. Je rĂ©pondais gĂ©nĂ©ralement : « Je ne suis pas venu lĂ en spĂ©cialiste mais en Ă©lĂšve. Ce que vous savez distinguer, je ne sais pas le voir ; il faut mâenseigner comme Ă un enfant. » Et elle riait, croyant sans doute Ă quelque facĂ©tie de ma part. Pourtant, câĂ©tait la plus stricte vĂ©ritĂ©1.
Avant dâarriver Ă la salle de bal oĂč Madame Visnelda donne ses consultations, nous prenons la peine dâun petit dĂ©tour par le cimetiĂšre du PĂšre Lafosse. Dans lâenceinte, un arbre gigantesque autour duquel sâaffairent en piaillant Ă tue-tĂȘte des centaines de bĂ©liers. Ces charmants petits oiseaux, semblables Ă des serins, ont la particularitĂ© de construire Ă lâaide de brindilles savamment entrelacĂ©es des nids sphĂ©riques Ă©chancrĂ©s dâune ouverture parfaitement circulaire. Autour de lâarbre, le sol est jonchĂ© de chaussons dâĂ©pines verts et roux, fruits de la subtile industrie animale. En revanche, le sous-sol est paraĂźt-il dĂ©sespĂ©rĂ©ment vide : pas de corps sous ces croix alignĂ©es au cordeau, aucune Ăąme pour se rĂ©jouir de ces jolis bouquets de fleurs. Le PĂšre Lafosse lui-mĂȘme est enterrĂ© ailleurs, si tant est quâil ait jamais existĂ©, avec un nom pareil ! Les tombes sont factices, pourtant la magie du lieu est prenante, en tĂ©moignent ces centaines dâex-voto, ces cierges toujours allumĂ©s et, dans la chapelle, la lave sĂ©chĂ©e de vieille cire qui forme des cratĂšres lunaires sur le marbre immaculĂ© du faux sarcophage. La RĂ©union, caillou volcanique au cĆur de lâocĂ©an Indien, oĂč tout ce qui est vivant a Ă©tĂ© importĂ© â les hommes, les plantes, les mammifĂšres â sauf naturellement les oiseaux qui savent migrer sans le secours des hommes. Toute la philosophie de lâĂźle est inscrite dans lâenceinte du gai cimetiĂšre : les oiseaux, Ă©ternels migrants, prodigues de leurs nids et les hommes affairĂ©s autour de tombeaux vides !
Madame Visnelda, sans doute la guĂ©risseuse la plus cĂ©lĂšbre de lâĂźle, donne ses consultations dans la grande salle dâun dancing dâĂtang-salĂ©. VoilĂ une semaine quâĂ lâhĂŽpital, Ă lâuniversitĂ©, on ne cesse de me conseiller dâaller lui rendre visite, ne fĂ»t-ce que par courtoisie. En effet, cette guĂ©risseuse semble animĂ©e par la mĂȘme pensĂ©e thĂ©orique que celle que je professe volontiers : plus il y a de monde dans un dispositif thĂ©rapeutique, plus il est actif. Elle se prĂ©sente comme lâĂ©quivalent rĂ©unionnais des mĂ©decins, psychiatres, psychologues et universitaires, lesquels ne manquent dâailleurs jamais de venir assister Ă ses sĂ©ances thĂ©rapeutiques lorsquâils sont de passage Ă la RĂ©union. Plus mĂȘme, avec un art raffinĂ© du dispositif thĂ©rapeutique, elle les incorpore dans son espace de travail. LĂ , ils ont souvent pour rĂŽle de lĂ©gitimer la remarquable capacitĂ© de lâofficiante Ă relier les univers hĂ©tĂ©rogĂšnes, la science et la magie, les blancs et les noirs, les morts et les vivants â la RĂ©union !
Une grande femme, plutĂŽt dĂ©gingandĂ©e, manifestement mulĂątre, sâavance vers nous en traĂźnant les pantoufles. Son corps flexible paraĂźt dĂ©tendu, presque endormi, attitude frĂ©quente chez ceux qui sont accoutumĂ©s Ă prĂȘter attention Ă leur fonctionnement onirique. Mais certaines parties de ce corps sont figĂ©es, comme endolories, les reins, le ventre, les genoux. En revanche ses yeux, singuliĂšrement mobiles, modifient sans cesse la physionomie du visage, exprimant tour Ă tour lâĂ©tonnement, la sĂ©vĂ©ritĂ©, la malice, lâacuitĂ© de lâintelligence et parfois la naĂŻvetĂ©.
â « OĂč mâavez-vous dit que vous enseigniez ? », me demande-t-elle immĂ©diatement.
â Ă Paris-VIII, câest-Ă -dire Ă Saint-Denis, enfin⊠Saint-Denis en banlieue parisienne, pas Saint-Denis de la RĂ©union.
â « Est-ce que ce ne serait pas plutĂŽt Ă Bobigny par hasard ? » Et pourquoi Diable veut-elle dĂ©jĂ me dĂ©montrer ses capacitĂ©s de voyance ? Par politesse, je demande :
â « Et comment le savez-vous ? » Superbe, ne se donnant mĂȘme pas la peine de savourer sa victoire, elle change de sujet de conversation.
â « Allons discuter un moment, voulez-vous ? Venez dans mon bureau, je vais vous expliquer comment je travaille. »
Elle nous conduit dans la salle de danse : un grand hall sonore Ă lâallure sympathique. Ă une extrĂ©mitĂ©, un bar ; au mur, des gravures reprĂ©sentant des femmes blondes, sortes de playmates aux larges dĂ©colletĂ©s ; dans un coin, un bureau en bois de pin ressemblant Ă celui dâun mĂ©decin ; sur les Ă©tagĂšres, des plantes mĂ©dicinales en sachets industriels. Elle nous installe sur les chaises rĂ©servĂ©es aux patients. Le long du mur, dâautres chaises, pour ceux qui font tapisserie au dancing, pour la foule des malades⊠Nous ne posons aucune question ; immĂ©diatement, elle se raconte.
Autrefois, elle souffrait de rĂšgles douloureuses. Tous les mois, tantĂŽt avant lâarrivĂ©e des rĂšgles, tantĂŽt pendant ou mĂȘme aprĂšs, elle sâenfonçait progressivement dans une sorte dâĂ©tat comateux quâelle ne pouvait plus interrompre. Cet Ă©tat durait deux heures et tout effort pour lâen tirer Ă©tait vain. Vers lâĂąge de trente ans, un petit matin, dans un demi-sommeil, elle entendit une voix qui lui commandait dâaller ramasser un bouquet de matricaire2, dâen faire une tisane, de la boire afin dâĂȘtre dĂ©finitivement guĂ©rie de ses dysmĂ©norrhĂ©es. Sceptique, elle rĂ©pliqua Ă la voix quâaprĂšs le cyclone de la nuit et les torrents qui avaient dĂ©vastĂ© la vĂ©gĂ©tation, elle ne retrouverait jamais ces fleurs Ă©voquĂ©es en rĂȘve. Mais la voix insistait, lui prĂ©cisant mĂȘme lâendroit exact de la haie oĂč trouver le bouquet. Le lendemain, elle fit ce qui lui avait Ă©tĂ© ordonnĂ© et fut dĂ©sormais guĂ©rie de ses douleurs3.
Quelque temps plus tard, apparut la vocation proprement dite. Dans une maison voisine, une femme souffrait dâune mauvaise blessure4. La jambe, enflĂ©e, ne parvenait pas Ă cicatriser et la pauvre femme, contrainte Ă lâimmobilitĂ©, la maintenait constamment Ă©tendue sur une chaise. Notre guĂ©risseuse, alors ĂągĂ©e de trente ans, poussĂ©e par un Ă©lan irrĂ©sistible, sâagenouilla Ă son chevet, lui frotta la jambe en murmurant des priĂšres et voici quâimmĂ©diatement, la jambe se dĂ©gonfla et une heure aprĂšs, la malade recommençait Ă marcher. Câest Ă ce moment quâelle comprit quâelle possĂ©dait un don pour guĂ©rir, ce qui ne lâĂ©tonna dâailleurs pas, car son pĂšre connaissait dĂ©jĂ les plantes. DĂšs lors, elle commença Ă pratiquer.
Madame Visnelda a perdu ses parents en peu de temps alors quâelle Ă©tait ĂągĂ©e de dix-huit ans. Interrompant sa scolaritĂ©, elle trouva un emploi de secrĂ©taire Ă la mairie dâĂtang-salĂ© ; mais elle voulait Ă tout prix poursuivre sa formation. Elle fit des stages, passa brillamment des concours administratifs et se retrouva finalement secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale de mairie, poste quâelle occupa jusquâĂ sa retraite. Concurremment, elle officiait comme guĂ©risseuse aprĂšs son travail, de dix-huit heures au lever du soleil. Maintenant quâelle est retraitĂ©e, elle consulte selon des horaires plus raisonnables, de neuf heures Ă dix-huit heures, et ses rendez-vous sont espacĂ©s de trois quarts dâheure. Une secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale de mairie ne peut ĂȘtre assimilĂ©e Ă une vulgaire rebouteuse, il faut bien quâelle possĂšde quelque chose de plus, une magie particuliĂšre dont lâefficacitĂ© se mesure Ă©galement Ă lâexcellence de sa carriĂšre ou de ses rĂ©sultats aux concours administratifs5. Câest probablement de cette position originale Ă la charniĂšre entre les fonctionnaires blancs â les zoreilles comme on nomme les mĂ©tropolitains Ă la RĂ©union â et les guĂ©risseurs locaux que Madame Visnelda tire cette singuliĂšre capacitĂ© de relier et de dĂ©lier.
TrĂšs vite, elle nous explique que toute sa thĂ©rapeutique est naturelle, les plantes quâelle utilise, son magnĂ©tisme â mesurĂ© par un professeur parisien Ă la facultĂ© dâOrsay6 â, jusquâĂ lâeau et le sel, bĂ©nis par lâaumĂŽnier de lâhĂŽpital psychiatrique et non par quelque prĂȘtre vaguement magicien, comme il en existe un certain nombre dans lâĂźle. Elle sâisole un instant pour rĂ©diger une ordonnance Ă lâune de ses malades, et sans doute lui fournir quelque prescription dont elle veut garder le secret. Elle nous dit : â « Pendant ce temps, jetez donc un coup dâĆil sur mon livre dâor ! » Plusieurs dizaines de psychiatres, de psychologues, dâethnologues, dâuniversitaires tĂ©moignent lĂ de leur Ă©tonnement devant lâefficacitĂ© technique de la guĂ©risseuse. On y lit : « Une belle leçon de psychothĂ©rapie », « Admirable dĂ©vouement au service des malades », « PhĂ©nomĂšnes incomprĂ©hensibles qui nous ont laissĂ©s perplexes » et tout cela sous la plume de certains cliniciens parmi les plus prestigieux. Certes, un autre guĂ©risseur ne se serait pas Ă©tonnĂ© ainsi : quoi de plus naĂŻf quâun homme de science ?
Tout cela ne constituait que les prolĂ©gomĂšnes de sa carriĂšre, la prĂ©paration au grand affrontement contre les « forces du mal ». Deux Ă©vĂ©nements, tels des souvenirs-Ă©crans, lui servent Ă dĂ©crire lâassomption du moment dĂ©cisif. Le premier, une dizaine dâannĂ©es avant que je la rencontre, lorsquâelle voit le film LâExorciste et, durant la projection, a soudain la rĂ©vĂ©lation que câest ainsi quâelle doit soigner les malades, en les exorcisant. Depuis, elle utilise avec eux une technique largement inspirĂ©e de celle du prĂȘtre officiant dans le film. Le second, Ă peu prĂšs Ă la mĂȘme Ă©poque, alors quâelle rejoignait son bureau aprĂšs le dĂ©jeuner, elle fit un dĂ©tour par lâĂ©glise situĂ©e juste face Ă la mairie, pour sây recueillir un instant. Une croix y Ă©tait couchĂ©e. Il lui vint alors une nouvelle rĂ©vĂ©lation : dĂ©sormais, elle utilisera une croix pour chasser les esprits du mal.
Comme Ă chaque fois quâelle nous confie une part du discours officiel quâelle-mĂȘme fait colporter sur sa pratique, Madame Visnelda Ă©voque deux Ă©vĂ©nements manifestement reliĂ©s entre eux par une causalitĂ©, mais une sorte de causalitĂ© imperceptible, ambiguĂ«, complexe.
Au bout dâune heure, je lâinterromps vivement :
â « Madame Visnelda, vous me tenez lĂ le discours officiel, celui que vous racontez Ă tout le monde. Jâen connaissais le contenu avant de vous rencontrer. Je ne suis pas venu de si loin pour si peu. Racontez-moi donc quelque chose que vous nâavez pas lâhabitude de dire ! »
â « Eh bien, je vais vous raconter ce que jâai fait Ă lâun de mes malades. Cela, vous ne le savez certainement pas ! Il sâagissait dâun enfant dâune dizaine dâannĂ©es, paralysĂ© dans une position qui ne lui permettait ni dâĂ©crire ni de manger (elle nous mima une position fĆtale, les bras collĂ©s le long du corps). Les parents Ă©taient dĂ©sespĂ©rĂ©s. Alors, jâai demandĂ© Ă la mĂšre : âNâavez-vous pas eu un accident durant la grossesse ?â Et voici que la mĂšre me rĂ©pondit quâen effet elle avait eu un accident de voiture alors quâelle attendait ce bĂ©bĂ©. Ne cherchez plus ! rĂ©pondis-je, cet enfant a Ă©tĂ© saisi (effrayĂ©) durant lâaccident, alors quâil Ă©tait dans le ventre. Depuis, il restait figĂ© dans la position mĂȘme oĂč il avait Ă©tĂ© surpris. Câest aprĂšs cela que lâenfant guĂ©rit. »
Sans transition, je lâinterroge :
â « Vous deviez ĂȘtre une petite fille trĂšs curieuse ! »
â « Pensez donc, je ne manquais pas de malice ! » Et Ă nouveau, selon une logique du discours que je commence Ă repĂ©rer, elle Ă©voque deux Ă©vĂ©nements imbriquĂ©s.
Le premier, vers lâĂąge de douze ans. Elle faisait beaucoup de couture et avait lâhabitude de laisser lâaiguille plantĂ©e dans la chaise. Sa mĂšre la sermonna : une aiguille peut pĂ©nĂ©trer accidentellement dans la chair, sây briser et le fragment ĂȘtre vĂ©hiculĂ© par le sang jusquâau cĆur. « PiquĂ©e au cĆur », la victime peut alors en mourir.
Le second, Ă peu prĂšs au mĂȘme Ăąge. Sa mĂšre lâinformait aussi, sans vraiment lui en expliquer la raison, que les hommes demandaient souvent de drĂŽles de choses aux jeunes filles. Depuis, elle avait pris lâhabitude de laisser au revers de son vĂȘtement une aiguille quâelle comptait bien enfoncer dans quelque endroit charnu de lâaudacieux qui sây frotterait. Peut-ĂȘtre mĂȘme quâau dĂ©but, elle se laisserait un peu faire pour dĂ©jouer lâennemi mais, au dernier moment, elle comptait bien lui planter son dard mortel.
â « Comme vous le voyez », reprit-elle, « je ne manquais pas de malice ! »
Madame Visnelda a passĂ© sa petite enfance Ă Madagascar oĂč son pĂšre travaillait dans les salines (on verra que le sel occupe une place essentielle dans son exercice thĂ©rapeutique). Elle a Ă©tĂ© Ă©levĂ©e par une « nĂ©naine7 » malgache qui lui parlait en malgache. Il lui en reste dâailleurs quelques mots quâelle utilise parfois, comme jâai pu le constater8, avec certains de ses malades9. Naturellement sensibilisĂ©e aux problĂ©matiques transculturelles Ă cause de la spĂ©cificitĂ© de lâĂźle, Ă©minemment cosmopolite, elle nous dira que pour elle, il nây a aucune diffĂ©rence de race ou de religion, quâelle distribue ses bienfaits sans distinction. Cependant, avant de proposer se...