Pour en finir avec le gaspillage alimentaire
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Estelle Richard

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  1. 164 Seiten
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Pour en finir avec le gaspillage alimentaire

Estelle Richard

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Über dieses Buch

Du champ à l'assiette, c'est environ la moitié des aliments qui sont jetés sans avoir été consommés. Devant ce gaspillage alimentaire qui ne cesse de prendre de l'ampleur, Estelle Richard lance un appel à l'action, dans nos cuisines et nos frigos. Bien que ce phénomÚne soit largement attribuable à l'agrobusiness et au mode de consommation qu'elle encourage, il dépend également de la gestion de la nourriture dans les chaumiÚres. Pour Estelle Richard, chaque personne peut agir et avoir une influence significative afin de renverser la tendance. En plus de détailler les causes structurelles du gaspillage alimentaire, elle partage ses trucs et astuces pour mieux conserver et consommer nos denrées. Les étapes d'une campagne de mobilisation citoyenne sont aussi au menu de ce plaidoyer qui nous invite à renouer avec la réelle valeur des aliments. De quoi envisager une société sans gaspillage, un coup de fourchette à la fois.

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Partie 1

LES CAUSES

Chapitre 1

L’ENJEU DU GASPILLAGE ALIMENTAIRE

LE GASPILLAGE ALIMENTAIRE touche tout le monde et tous les acteurs de la chaĂźne agroalimentaire. Son ampleur et ses impacts sont importants, et l’on pourrait mĂȘme dire inquiĂ©tants.
En effet, l’empreinte Ă©cologique du gaspillage est lourde et insoutenable. L’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a estimĂ© que la production des aliments gaspillĂ©s dans le monde implique l’exploitation de 1,4 milliard d’hectares de terres agricoles (une superficie Ă©quivalente Ă  celle du Canada et de l’Union europĂ©enne combinĂ©s)7 et la consommation de 250 km3 d’eau annuellement, soit l’équivalent du dĂ©bit du fleuve Volga en Russie ou, Ă  plus petite Ă©chelle, l’équivalent de 200 litres d’eau par personne par jour. Ce gaspillage implique aussi une importante consommation de pĂ©trole (production agricole, transport, emballages), estimĂ©e Ă  300 millions de barils par annĂ©e8. De plus, chaque annĂ©e, le gaspillage alimentaire serait responsable d’environ 23 % des Ă©missions du CO2 Ă  l’échelle mondiale9. D’ailleurs, si le gaspillage alimentaire Ă©tait un pays, il serait le deuxiĂšme en taille – considĂ©rant la superficie des terres agricoles utilisĂ©es pour la production d’aliments qui seront gaspillĂ©s – et le troisiĂšme plus grand producteur de gaz Ă  effet de serre (GES)10.
Si nous poursuivons avec le modĂšle actuel, la FAO Ă©value que pour nourrir les neuf milliards d’humains projetĂ©s en 2050, il faudra hausser la production alimentaire de 60 %11. Or, si l’on rĂ©duisait de moitiĂ© le gaspillage alimentaire (par une meilleure gestion et redistribution des stocks, notamment), l’augmentation nĂ©cessaire ne serait que de 32 %. De quoi faire rĂ©flĂ©chir. Car, quelle qu’en soit l’ampleur, la hausse apprĂ©hendĂ©e de la production agricole s’accompagnera inĂ©vitablement d’une augmentation des dommages environnementaux qu’elle cause, comme la pollution de l’eau et l’épuisement des sols, sans compter les changements climatiques qui risquent de rendre de plus en plus complexe le travail des agriculteurs et agricultrices. C’est dĂ©jĂ  le cas par exemple au Bangladesh oĂč la saison des pluies survient de plus en plus tĂŽt, en Californie qui collectionne les pĂ©riodes de sĂ©cheresse et au QuĂ©bec, oĂč les agriculteurs doivent faire face Ă  de nouveaux ravageurs. La situation est d’autant plus alarmante que, si les pratiques ne changent pas, la croissance dĂ©mographique mondiale nĂ©cessitera d’augmenter considĂ©rablement la production agricole. Les ressources seront-elles suffisantes?
DĂ©jĂ , la sĂ©curitĂ© alimentaire de bien des mĂ©nages est menacĂ©e. Dans le monde, c’est environ une personne sur neuf, soit 821 millions de personnes qui souffrent d’insĂ©curitĂ© alimentaire chronique12. Au QuĂ©bec, les banques alimentaires reçoivent tous les mois plus de 1,9 million de demandes d’aide alimentaire d’urgence13. Ces chiffres sont mĂȘme en augmentation: entre 2008 et 2017, les demandes ont augmentĂ© de 33,7 %14! Lorsqu’une personne ou un mĂ©nage s’appauvrit, il y a gĂ©nĂ©ralement peu de postes budgĂ©taires dans lesquels il est possible de «couper». Bien sĂ»r, la rĂ©duction du gaspillage alimentaire et l’augmentation de la sĂ©curitĂ© alimentaire ne sont pas des vases parfaitement communicants; ce n’est pas parce que tous les aliments trouvent mangeurs que tous les mangeurs auront des aliments en quantitĂ© et en qualitĂ© suffisantes. Tout de mĂȘme, en agissant positivement sur l’un des phĂ©nomĂšnes, l’autre pourra en tirer profit, tout en minimisant l’utilisation indue de terres, d’eau, de pĂ©trole et de toutes les ressources nĂ©cessaires Ă  la production agricole. Plusieurs projets de redistribution alimentaire des produits invendus montrent en effet qu’avec un peu d’organisation, de volontĂ© et d’investissement, il y a moyen d’allier rĂ©duction du gaspillage alimentaire et amĂ©lioration de la sĂ©curitĂ© alimentaire. Ce type de projets se dĂ©veloppe rapidement et connaĂźt beaucoup de succĂšs; nous y reviendrons.
D’importantes pertes financiĂšres associĂ©es au gaspillage alimentaire sont aussi observables. En Grande-Bretagne, par exemple, les aliments gaspillĂ©s reprĂ©sentent des pertes de 12 milliards de livres sterling par annĂ©e (plus de 20 milliards de dollars canadiens)15, alors qu’au Canada, elles sont Ă©valuĂ©es Ă  31 milliards de dollars16. Ce montant est un peu plus Ă©levĂ© que celui qui Ă©tait consacrĂ© aux importations alimentaires canadiennes en 2007 et reprĂ©sente une somme plus Ă©levĂ©e que le PIB combinĂ© des 32 pays les plus pauvres17. Collectivement, nous assumons ces pertes financiĂšres Ă  travers les dĂ©penses liĂ©es Ă  la gestion des matiĂšres rĂ©siduelles et Ă  travers les subventions gouvernementales accordĂ©es Ă  l’industrie agroalimentaire. Or, investir dans une industrie qui gaspille est un non-sens auquel devraient s’attarder tous les gouvernements. De plus, le coĂ»t des stocks invendus, ces pertes pour les commerces de dĂ©tail, se rĂ©percute sur le prix des aliments vendus. Le client paye ainsi non seulement pour les aliments qu’il achĂšte, mais en partie pour les pertes des commerçants. Finalement, le consommateur lui-mĂȘme essuie dans son foyer des pertes financiĂšres: on estime que le gaspillage alimentaire Ă  la maison coĂ»te Ă  chaque mĂ©nage quĂ©bĂ©cois entre 1000 $ et 1700 $ par annĂ©e18. Cette estimation se rapproche de celles faites dans d’autres pays: 2250 $ aux États-Unis (1600 $ US), 615 $ en France (400 €) et 840 $ en Grande-Bretagne (480 ÂŁ)19. Cela Ă©quivaut Ă  une quinzaine de sorties culturelles par annĂ©e, Ă  l’achat d’une bicyclette de bonne qualitĂ© ou encore, pour les voyageurs, Ă  un billet d’avion aller-retour vers de nombreuses destinations!
À l’inverse, dans les pays oĂč les revenus sont plus faibles, le gaspillage advient surtout dans les premiers stades de la chaĂźne agroalimentaire, trĂšs peu chez les consommateurs. Serait-ce parce que les populations des pays riches sont trop «gĂątĂ©es» qu’elles se permettent de jeter autant de nourriture? D’oĂč vient cette facilitĂ© Ă  se dĂ©partir d’autant de denrĂ©es, pourtant si essentielles?
Les raisons qui expliquent la prĂ©valence du gaspillage alimentaire chez les mĂ©nages sont variĂ©es et elles s’appliquent diffĂ©remment selon la culture, la provenance, l’ñge, le niveau d’éducation, la classe sociale ou encore le sexe des personnes. Le profil du gaspilleur type n’existe pas et, si rares sont ceux qui peuvent se targuer de n’avoir jamais rien jetĂ©, nombreux sont ceux qui aimeraient amĂ©liorer leurs habtudes de vie afin de rĂ©duire le gaspillage alimentaire. Pour ce faire, plongeons d’abord dans notre histoire rĂ©cente, afin de bien saisir les racines de ce problĂšme collectif. Car si l’enjeu du gaspillage alimentaire est ce qu’il est, c’est que les conditions le permettant se sont gĂ©nĂ©ralisĂ©es.
Chapitre 2

DE MANGEUR À CONSOMMATEUR: L’ÉVOLUTION RÉCENTE ET RAPIDE DE L’AGRO-INDUSTRIE ET DE NOTRE RAPPORT À L’ALIMENTATION

L’AGRICULTURE ET L’ALIMENTATION sont intimement liĂ©es Ă  l’évolution des sociĂ©tĂ©s humaines. S’il y a bien un dĂ©nominateur commun Ă  tous les ĂȘtres humains, qui est aussi englobant, aussi vaste, c’est bien le fait de devoir se nourrir. TrĂšs longtemps liĂ©e Ă  la terre dans les sociĂ©tĂ©s traditionnelles, l’alimentation s’en est lentement Ă©loignĂ©e Ă  partir de la premiĂšre rĂ©volution industrielle, contribuant Ă  redĂ©finir notre rapport Ă  la nourriture: d’un statut de mangeur, nous sommes passĂ©s Ă  celui de consommateur.
La nuance rĂ©side dans la finalitĂ© de l’acte: consommer vise la jouissance20, alors que manger comble un besoin de base. Ainsi, le verbe manger est dĂ©nuĂ© de connotation, il renvoie Ă  l’absorption d’aliments, Ă  ce geste posĂ© quotidiennement et plusieurs fois par jour par la plupart d’entre nous. Peu importe la façon ou la frĂ©quence Ă  laquelle nous le posons, nous sommes tous des mangeurs. C’est dans cet esprit que le terme mangeur sera utilisĂ© dans cet ouvrage. Se percevoir comme un mangeur peut sembler rĂ©ducteur, mais c’est seulement plus simple, plus terre-Ă -terre. D’ailleurs, nos aliments ne proviennent-ils pas de cette terre oubliĂ©e une fois les assiettes garnies? Le terme consommer, quant Ă  lui, sera employĂ© pour dĂ©signer ce qui va au-delĂ  de l’ingestion d’aliments Ă  des fins de subsistance; il implique les notions de plaisir et de dĂ©sir.

Communautés rurales et traditionnelles

Pour bien comprendre comment le mangeur est devenu consommateur, un retour en arriĂšre s’impose. Jusqu’à la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle, pour la plupart des peuples occidentaux, c’est la vie rurale et le rapport intime avec la terre qui structuraient la vie sociale. La grande majoritĂ© de la population vivait Ă  la campagne, comme en France oĂč en 1850, 80 % des Français habitaient encore Ă  l’extĂ©rieur des villes21. Au mĂȘme moment en Grande-Bretagne, pays prĂ©curseur de l’industrialisation, la moitiĂ© de la population vivait en ville, l’autre moitiĂ© Ă  la campagne22. Au QuĂ©bec, c’est seulement en 1921 que la population urbaine a dĂ©passĂ© la population rurale23. MĂȘme si tout le monde ne vivait pas des fruits de ses rĂ©coltes, une proximitĂ© physique et humaine existait entre les producteurs agricoles et ceux qui bĂ©nĂ©ficiaient de leur travail. Nombreuses par ailleurs Ă©taient les familles qui subvenaient Ă  leurs propres besoins en pratiquant la polyculture, c’est-Ă -dire en cultivant Ă  petite Ă©chelle divers types d’aliments pour s’assurer d’avoir une alimentation variĂ©e et autosuffisante24.
Dans les familles, le modĂšle traditionnel s’imposait: les hommes et leurs fils travaillaient aux champs alors que les femmes et leurs filles s’occupaient de la maisonnĂ©e et donc, des repas. Les enfants Ă©taient ainsi engagĂ©s dans les diverses sphĂšres de la vie de famille, en particulier l’étĂ© oĂč le travail agricole battait son plein. Ayant peu d’outils Ă  leur disposition pour la conservation (rĂ©frigĂ©rateurs, congĂ©lateurs, autoclaves, etc.), les femmes, gĂ©nĂ©ralement responsables de la cuisine, devaient faire preuve d’ingĂ©niositĂ© et de talent pour, d’une part, utiliser de façon optimale les denrĂ©es rĂ©coltĂ©es ou achetĂ©es en pĂ©riode d’abondance et, d’autre part, prĂ©server le plus longtemps possible celles qui, par leur nature, pouvaient durer une partie de l’hiver. TrĂšs rĂ©pandues, car nĂ©cessaires, les connaissances et compĂ©tences agricoles et culinaires se transmettaient naturellement d’une gĂ©nĂ©ration Ă  l’autre, les ...

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